Ne faites jamais comme moi !



Ne faites jamais comme moi avec vos gosses. Franchement, c’est dangereux, irresponsable, et pensez un peu à ce qui aurait pu arriver si… Donc, je vous raconte, mais ne faites jamais comme moi, hein !

La semaine passée, pas si lointaine mais déjà très loin : il faisait super froid, gelant, caillant. Pendant plusieurs jours. Très froid, très en-dessous de zéro degré plusieurs nuits et jours d’affilée. Alors… Prise d’une subite poussée de « je n’ai pas peur de ma peur » mêlée à un semblant d’effronterie « j’ose faire un truc que je n’ai jamais fait de ma vie », mercredi après-midi, j’ai proposé à mes enfants d’aller pique-niquer… sur (oui, sur) l’étang où mon grand va pêcher quand ce n’est pas l’hiver. Cris enthousiastes de joie. Nous voilà partis, chocolat chaud et éclairs au chocolat dans le sac à dos, pour une promenade où la pointe des nez a tellement froid mais le fond des cœurs tellement chaud ; à coup de chansons, de rires et de papotages. Au grand lac près de chez nous, tout au bord, j’ai d’abord mis prudemment un pied. Je n’en menais pas large… mais rien n’a craqué. J’ai mis un deuxième, toujours tout au bord. Puis un troisième… Enfin, le premier a fait un second pas. Puis j’ai pris ma fille par la main. Puis mon gamin nous a rejointes. Puis ils sont allés plus loin. J’avais encore un petit peu peur. Ben oui… Maman un jour, maman toujours ! Puis ils ont marché, patiné, dansé, rigolé sur la glace… Ils avaient bon, et moi aussi.


Puis on a grimpé la colline, ils ont chanté et dansé « Sur le pont d’Avignon » sur un petit pont de bois ; ils m’ont traitée de « vieille maman » et je les ai poursuivis en criant que ça allait chauffer… On a rigolé tout du long. Puis on est arrivés à l’étang, magnifique avec son manteau blanc. On y a mis un pied, prudemment. Puis un deuxième, prudemment. Puis un troisième… Enfin, nos premiers pieds ont fait un deuxième pas… Et ils se sont aventurés plus loin. Je les ai surveillés de près. Le cœur un peu battant… mais… « je n’ai pas peur de ma peur », la couche de glace est épaisse et les températures bien en-dessous de zéro depuis plusieurs jours. Ils ont ri, ils ont joué, ils ont adoré. On a pique-niqué sur l’étang, le chocolat chaud réchauffant les bouts de doigts, de nez et de pieds. Puis on est repartis, à regret, mais le soleil déclinait.

Il n’y a pas de morale à cette histoire : ne faites surtout pas, jamais, comme moi. Il paraît que c’est dangereux. Ca l’est sans doute un peu. Il n’empêche… Je me suis sentie vivante comme jamais. Et mes gosses étaient heureux comme rarement. Et c’était un sacré beau moment. Et je parie que dans vingt ans… on s’en souviendra encore. Rien que pour ça, ces rires et ces souvenirs… j’affronte sereinement les autres adultes qui me tancent, gentiment ou sévèrement, en disant que « c’est dangereux, il ne faut pas faire ça ! » Ceci dit… l’un d’entre eux a de suite ajouté, en souriant, que quand il était gamin et que le lac était gelé… avec les copains ils allaient en cachette… Vous devinez quoi ? Et il s’en souvient toujours. 60 ans après.

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