Un mercredi après-midi...
Quand ça arrive, on ne s'en rend pas
nécessairement compte tout de suite. C'est souvent après coup qu'on
comprend qu'on a pu goûter, mine de rien, à une joie profonde et
simplissime (profonde car simplissime ?) en famille.
Pourtant, ce mercredi début
d'après-midi, cela avait commencé de manière plutôt chahutée :
une discussion sur « qu'est-ce qu'on mange ce soir ? »
amenée par le grand (gourmand), insistant (il est vrai un peu lourdement) sur
ses propres envies très carnées, qui a dégénéré avec la plus
jeune en pleurs « mais est-ce qu'on peut changer de sujet car
je déteste la viande !? »... Empathie, humour et
recadrage : chacun peut exprimer ce qu'il aime ou n'aime pas,
sans pour autant insister et pousser le débat si le sujet (ou le
moment) semble trop sensible pour l'autre, s'il-vous-plaît.
Et puis, sans crier gare, et sans grand
chambard, s'est installée dans notre maison une après-midi toute
simple... et infiniment belle. « Et si on faisait des
puzzles ? », lançai-je. Accueil enthousiaste de ma fille
(8 ans) ; grognements bougons de mon fils (12 ans). Et on sort
les boîtes. Chaque enfant en prend une, étale pièces et jambes sur
le sol, près du poêle, et commence – par les bords ou pas. Avec
mon aide et mes encouragements ponctuels... (et là je me souviens
qu'en fait, j'adore ça, faire des puzzles !)
Puis j'ai besoin d'un peu de repos et,
quand je pars m'allonger, ils me demandent pour jouer à la X-box.
Ils font une partie de Fifa ; je ne les entend pas. Quand je
redescends, la télé est éteinte, ils sont replongés dans leur
puzzle. Puis, spontanément, ouvrent leur cartable et démarrent
leurs devoirs. Et alternent avec les puzzles. De mon côté, je vais
et viens entre puzzles et crumble, que je prépare avec les dernières
pommes du jardin. On le dévore encore chaud au coin du feu et de nos
puzzles. Mon fils est affalé sur mes cuisses et j'en profite
(combien de temps encore voudra-t-il de cette proximité affectueuse
?). Ma fille babille et on se charrie... Et le temps passe, et les
puzzles se complètent.
Quand mon homme rentre, ô merveille il se charge du souper ! Je vais juste lui arracher trois poireaux au potager... Après avoir mangé, la saga puzzles continue ; on finit le super dur de 200 pièces ; ma fille entame un troisième ; mon fils défait celui de Boule et Bill pour le recommencer... Et même s'ils ont protesté quand j'ai annoncé « encore 10 minutes et puis au bain ! », quand j'ai finalement appelé ils sont tout de suite montés. Ils ont joyeusement papoté dans leur bain ; ça a fini – comme souvent – en rigolade. Puis ils ont déménagé leurs couettes, oreillers et multiples doudous, suivant un arrangement de qui dort où et avec qui (oui, chez nous, on négocie et change souvent). Et puis on a coupé les lumières... Et c'est là que j'ai compris : qu'on avait vécu une après-midi d'une joie simplissime et profonde (simplissime donc profonde ?). Presque sans faire exprès. Et je me suis sentie gâtée par la vie.
Et puis le lendemain, en écrivant ce
billet, je réfléchis un petit peu. Si cette après-midi peut
paraître idyllique à qui me lira, il faut cependant qu'il sache que
ce soir-là, la vaisselle n'a pas été faite, mon fils n'a pas
brossé ses dents, le panier à linge débordait depuis plusieurs
jours et je n'ose plus regarder en-dessous du canapé. La joie
est-elle à ce prix ? Parfois, oui. Et issue d'autres choses
aussi. Pour qui voudrait la recette, je dirais qu'il n'y en a pas
vraiment. Que chaque famille peut trouver la sienne, composer à
partir de ses propres ingrédients – parmi lesquels, néanmoins,
temps, présence et bienveillance octroyés régulièrement comptent
énormément...
Coucou. Profite bien de ces petits moments, la lessive et la vaisselle peuvent attendre 😏😏😏
RépondreSupprimersigné Véro pas unknown 😀
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