La rentrée des classes... (!)



On pourrait croire que le premier septembre, c’est la rentrée pour tous les enfants… Eh bien non : pas pour les enfants instruits en famille. Pour eux, le premier septembre est un jour comme les autres, où on joue, on apprend, on grandit, sans stress, excitation ou angoisse particuliers. Seule différence (de taille) : la majorité des copains ne sont subitement plus disponibles pour partager les jeux du quotidien.
 
Cette année, c’était pour nous un premier septembre pas comme les autres. Ma fille, qui jusqu’alors avait connu des premiers septembre comme les autres – comprenez : où elle jouait, apprenait et grandissait librement, sans stress, excitation ou angoisse particuliers… – a connu un premier septembre pas comme les autres – enfin, sauf que pour les autres, c’était un premier septembre comme les autres… Bref, comprenez : un premier septembre de rentrée à l’école. Avec excitation et réjouissance particulières, elle faisait le grand saut, après plusieurs années à la maison (et dehors, et dans les bois, et chez les grands-parents, et avec les copines…) : hop, en deuxième primaire !


Mon fils, scolarisé tout du long, faisait une autre sorte de saut : hop, en sixième primaire, chez les grands ! Je me souviens de certaines fêtes d’école, il y a des années, où je voyais les grands sur scène, et pensais : « mon Dieu… un jour, mon fils aura cette taille et cette allure ! »… Et nous y voilà. Les grands, à l’école primaire, c’est quelque chose… Le style change : on fait attention à comment on s’habille, on soigne son look. On connait l’école et ses intervenants comme sa poche. On est habitués à épauler les plus jeunes, et on peut y trouver un certain plaisir, une certaine fierté. Les grands, c’est aussi l’adolescence qui arrive… Avec les hormones qui se conjuguent à un petit manque d’entrain, certains matins, et font dire au gamin au moment de sortir de la voiture devant l’école « Pfff, j’voudrais rentrer dormir à la maison… »

Alors, moi là-dedans… C’est un certain changement ! Ma fille qu’on accompagne à l’école, tous les matins. On y va à pied, et en papotant : de beaux moments. Si je lui propose la trottinette, elle m’oppose un « nooon… à pied ! » C’est vrai qu’à pied, on est ensemble autrement qu’en voiture, ou même à trottinette. On finit de se réveiller avec l’air encore un peu frais. On voit et regarde les choses autrement (par exemple, permettez-moi cette anecdote, j’ai été impressionnée par le nombre de limaces sur la route… écrasées par les voitures ! Une double bande de cadavres de limaces… dont se délectaient les survivantes. Eh oui… le cycle de la vie !) On discute autrement, en laissant l’enfant exprimer ce qui lui passe par la tête, ce qu’il a vécu la veille, ce qu’il se pose comme question. Bref : de bien beaux moments, privilégiés, pour nourrir la relation.

Et puis… Le journal de classe, les devoirs à domicile, les feuilles d’exercices très scolaires dans la farde. Pour quelqu’un comme moi, exercice plus périlleux que d’accompagner ma fille dans ces nouveautés. Haute voltige, vaste défi, pour trouver le bon ton, la bonne manière : la mettre en confiance et en confort par rapport à son institutrice et ses apprentissages scolaires… sans pour autant renier mes convictions, ni (surtout) mettre une quelconque forme de pression dans nos après-quatre heures. Continuer à coller au plus près de ce en quoi je crois, à ce que j’essaie de transmettre à mes enfants dans mon rôle de parent, donc l’aider à grandir dans ce vaste monde, en découvrant qui elle est vraiment, quelles sont ses compétences, ses valeurs, ses goûts, ses dons et ses passions… 

Actuellement, consolider l’estime de soi de ma fille, c’est à la fois faciliter son intégration dans l’école, ses codes et son fonctionnement… tout en assumant ses différences, son opinion et son degré actuel de compétences. Les enfants se rendent très vite compte d’où ils en sont par rapport aux autres… Ma fille, donc, par rapport à ses condisciples scolarisés depuis toujours ! Et encore, à ce stade-ci, les points et bulletins ne sont pas encore apparus…

Alors me voilà, moi aussi, dans de nouveaux apprentissages au quotidien : savoir (encore un peu plus) lâcher prise, savoir (plus que jamais) profiter des temps ensemble, savoir gérer les retours sur les nouvelles expériences, savoir garder dans le fonctionnement hebdomadaire des plages pour des activités extrascolaires épanouissantes (pas question de lâcher la danse, pour elle, ni la pêche, pour lui !) et autres moments avec les copines « non-sco »… Enfin, me voilà aussi avec de nouvelles fiertés : voir mon grand… grand, gagner en autonomie et en personnalité, et bien dans ses baskets ; voir ma fille… grande, gagner en autonomie et en personnalité, et bien dans ses baskets. Bref, ici comme ailleurs, la vie suit son cours – avec son lot de remises en question, d’adaptations, de découvertes… En un mot : la vie dans toute son impermanence !

Commentaires

  1. Joli témoignage et bravo pour le haut voltige! :-) Si tu fais une formation là dessus, je m´inscris tout de suite :-)

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    1. C'est une idée, tiens... Genre "Haute voltige entre convictions personnelles et obligations scolaires"... ? :-)

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  2. Un autre sacré " défi à relever" ... bien décrit , cerné , c'est parti vers un cycle " haute voltige" , tu as les ailes pour voler hahahaha!

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