« Moi plus tard je serai astronaute ! »

Je me suis retrouvée par hasard derrière elle dans la rue, elle avait vers les dix ans je crois. Et donc par hasard j'ai entendu quand elle disait à sa maman, pleine de pétillement : « tu sais, maman, moi plus tard je serai astronaute ! » Tout de suite, j'ai souri, et je me suis dit : quelle beau rêve... Mais sa maman, elle, a répondu : « oui, c'est ça, tu sais ce que ça coûte !? » Alors la fille a continué sur sa lancée, encore toute enjouée : « ah oui, mais c'est pas grave, parce que je ferai des études ! » Moi, je me suis réjouie pour elle, je me suis dit : quel beau projet... Mais pour sa mère, ce n'était pas réjouissant, car elle a répondu : « non mais, ça va pas, tu sais ce que ça coûte, des études !? »... Alors la fille ne s'est pas laissée abattre, elle a continué à argumenter, qu'elle allait travailler à la NASA et tout ça, mais la mère a continué à contre-argumenter, je n'entendais pas tout, mais en gros ça disait : oublie tes rêves, ma fille, on n'est pas bien nées, tu verras la vie c'est galère, alors arrête de croire que c'est pour toi d'être astronaute et de travailler à la NASA... Nada, oui, plutôt !

 


Au fur et à mesure, je me suis sentie de plus en plus triste, et en colère aussi... Non ! Pas contre la maman ! Non. Pour elle, je me sentais triste, et pleine de compassion. Car c'est du gâchis, c'est révoltant, qu'elle aussi soit « mal née », qu'elle ait dû renoncer à ses rêves, qu'elle ait apparemment été ainsi abimée par la vie, et qu'elle soit désabusée au point de ne pouvoir offrir à sa fille une réponse du genre : « ah bon, astronaute ? Chouette ! Raconte-moi pourquoi... », et de ne pouvoir partager avec elle une discussion enjouée et réjouissante sur leurs envies et projets, présents ou futurs...

C'est triste, c'est du gâchis et c'est révoltant, une société qui exclut tant de personnes, qui les brise au point qu'elles ne puissent plus rêver ou, tout du moins, autoriser leurs enfants à rêver et à croire en leurs rêves. Là se situe le coeur ma colère !

Alors, dans les belles histoires qui pourtant commencent mal, il y a toujours une bonne étoile qui apparait, et qui fait en sorte que la petite fille puisse réaliser son rêve ; et un jour elle devient célèbre, et on fait un film sur sa vie, pour expliquer aux enfants qu'il faut croire en ses rêves... Oui, parfois ça arrive. Je souhaite à cette jeune fille, entrevue seulement de dos, mais dont j'ai perçu tant de pétillement dans la voix, qu'elle rencontre elle aussi une bonne étoile : un professeur, une voisine, une amie, un amoureux... Quelqu'un·e qui croira en elle, avant qu'elle ne renonce à son rêve, quelqu'un·e qui lui dira : oui ! Oui, tu peux ! Vas-y, essaie et réessaie ! Et puis tu vois, si c'est fait pour toi ou pas...

Car peu importe, finalement, si elle devient astronaute ou pas : l'important est qu'elle puisse le rêver, qu'elle puisse l'imaginer, qu'elle puisse avancer dans ses apprentissages, sa scolarité, sa vie avec cet objectif. Et si un jour elle bifurque, ce sera sa décision. Et pas la résignation. La différence est de taille...

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